Par Isabelle Petit
Un peu d’anatomie
L’articulation de la hanche ou articulation coxofémorale, est une articulation profonde entre le tronc
et les membres inférieurs. Elle unit l’os coxal au fémur au niveau du bassin.
Elle nous permet le déplacement des membres inférieurs dans les trois plans de l’espace ainsi que la
mobilité du tronc.
Son rôle dans la marche et dans la posture générale de l’ensemble du corps est fondamental
Qu’est-ce qu’une prothèse de hanche ?
C’est le remplacement de l’articulation partielle ou totale de la hanche.
Prothèse totale de hanche : les deux surfaces articulaires sont changées, l’extrémité supérieure du
fémur (tête et col) et le cotyle (cupule) au niveau du bassin.
Pour la prothèse de hanche simple seule l’extrémité supérieure du fémur est changée.
Les prothèses sont faites en céramique et titane (cupule en titane et insert en céramique pour la
partie dans le bassin et tige en titane et bille en céramique pour la partie fémorale).
Il existe plusieurs voies d’abord possibles, la voie postéro externe et la voie antérieure. Le choix est
chirurgien dépendant.
La voie postéro externe entraîne des conséquences plus importantes sur les muscles, tendons et
ligaments de la hanche, notamment le moyen fessier (principal muscle abducteur de hanche).
La voie antérieure présente moins de contraintes post opératoires avec une reprise des activités plus
précoce.
Pourquoi une prothèse ?
Le premier motif de consultation est la douleur et l’impotence fonctionnelle qui en résulte, pour les
causes non traumatiques.
Le public concerné est de plus en plus jeune et actif, les attentes évoluent vers une reprise des
activités physiques le plus tôt possible.
Ce qu’il faut savoir :
Il est retrouvé chez les personnes qui se font opérées fréquemment un déficit des muscles
abducteurs et une hypertonie des muscles adducteurs, un déficit de toutes les amplitudes
articulaires de la hanche en amont de la mise en place de la prothèse, ainsi que des douleurs
importantes à la marche.
Il est important d’en tenir compte pour les suites post opératoires, la rééducation et surtout pour la
reprise des activités physiques car il découle de ces douleurs et limitations un schéma fonctionnel
compensatoire.
La rééducation débute dès le lendemain de l’intervention avec une verticalisation et une remise à la
marche. Les patients ressortent avec une prescription de 10 séances de rééducation, le plus souvent
suffisante.
La reprise des activités physiques est recommandée dès que possible avec accord du chirurgien, et
respect des précautions post opératoires. Cette reprise sera adaptée aux contraintes de
l’arthroplastie, notamment avec une absence des mouvements d’adduction, de rotation interne et
d’hyperflexion de la hanche opérée.
Mon expérience :
Sur l’un de mes cours de Pilates Mat j’ai trois élèves qui ont une, voire deux prothèses de hanche.
Toutes les trois étaient élèves avant l’intervention, ce qui a permis un entretien articulaire et
musculaire avant la pose des prothèses. Sur les trois j’en ai suivi deux en rééducation.
Elles ont toutes les trois arrêter le Pilates en cours collectifs le temps nécessaire à chacune.
J’ai bien sûr adapté la méthode Pilates à leurs possibilités.
Pour celle que j’ai suivi en rééducation, elles ont repris très rapidement en commençant sur chaise,
puis dès que cela a été possible elles sont revenues sur tapis, la chaise restant à leur côté le temps
nécessaire à leur besoin.
Les exercices ont été adaptés parfois avec l’utilisation de petits matériels.
La reprise s’est faite sur les premiers cours en insistant sur le travail respiratoire, le travail du bassin
de la fluidité de sa mobilisation à partir de l’engagement du centre, permettant ainsi la mise en place
d’un nouveau schéma de mobilité. L’évolution vers des exercices plus avancés s’est faite en fonction
de la capacité de chacune à maitriser les exercices précédents.
Il est important pour chaque personne d’intégrer sa « nouvelle hanche », ses nouvelles mobilités et
ainsi sortir de ses « habitudes compensatrices » préopératoires et ainsi retrouver progressivement
confiance en elle.
Témoignages :
Michèle 78 ans : « Après mon opération de la hanche, j’ai apprécié de reprendre le Pilates, ça m’a permis de
reprendre confiance en moi assez rapidement »
Colette 77 ans : « Avec le Pilates, je ressens plus de souplesse et moins de douleurs au niveau de ma hanche »
Roselyne 61 ans : « J’ai repris le Pilates après ma première prothèse de hanche sans problème. Je me suis sen-
tie encore plus confiante pour faire la deuxième. »
Exemple d’adaptation :
– Avec le Magic Circle en plaçant les jambes à l’intérieur et juste au-dessus des genoux permettant de
maintenir l’abduction de hanche et un travail plus spécifique des muscles abducteurs. Plusieurs exer-
cices sont possibles.
– En diminuant l’amplitude du mouvement ou en le décomposant comme les Leg Circle, faire des ½ Leg
Circle et passer par le Dead bug unilatéral pour tendre la jambe au plafond.
La reprise de l’activité physique après une prothèse de hanche est rapide, quelle place pour le
Pilates ? Un point sur les études scientifiques :
Malheureusement très peu d’études existent.
Nous avons trouvé une seule étude sur la méthode Pilates après une arthroplastie de hanche
” Pilates Training for Use in Rehabilitation after Total Hip and Knee Arthroplasty: A Preliminary Report”
(Entraînement Pilates pour une utilisation en rééducation après arthroplastie totale de la
hanche et du genou : un rapport préliminaire ) juin 2009
Brett Levin 1, Beth Kaplanek , William L. Jaffé
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2674181/
Les interventions de moins en moins invasives permettent une reprise précoce des activités,
notamment de la méthode Pilates. L’étude se base aussi sur d’autres études montrant l’efficacité de
la méthode Pilates dans les lombalgies (avec le travail du centre).
Effectivement, les douleurs de hanches ayant un impact sur la colonne lombaire, par extension, les
effets positifs de la méthode Pilates sur la colonne lombaire auront un impact positif sur le lien entre
mobilité de hanche et colonne lombaire.
Des conditions sont cependant requises :
– l’adaptation des exercices en tenant compte des indications et précautions post-opératoires,
– la certification de l’instructeur de la Méthode Pilates,
– Il est aussi conseillé de commencer le Pilates avant l’intervention afin de se familiariser avec la
méthode.
Les patients sont invités à suivre un programme selon un protocole bien précis sur un temps donné
(1 an), avec une évolution stricte des exercices en fonction de leur capacité à les réaliser
correctement. La méthode Pilates est proposée uniquement aux patients motivés, et n’a pas pour
but de remplacer la rééducation.
Il est noté l’intérêt du travail du Centre pour une meilleure stabilité et fonctionnalité des extrémités,
ce qui est très important dans la rééducation post-opératoire des arthroplasties de hanche.Cette étude montre notamment la capacité de la méthode Pilates à pouvoir être adaptée au post-
opératoire et à évoluer en même temps que les besoins de la personne. Le Pilates du fait de ses
différents principes permet un travail du corps à la fois en profondeur, en puissance musculaire
notamment du centre, mais aussi en mobilité et souplesse des articulations. Il permet aussi un travail
de la prise de conscience du corps, et ainsi de retrouver de la confiance en ses possibilités.
Grâce à l’introduction de petits matériels, chaque exercice de la Méthode Pilates peut être adapté
aux besoins de la personne et aux précautions post-opératoires.
Il ressort une prédominance pour les patients qui ont intégré la méthode Pilates dans leur quotidien
en même temps que la rééducation, une continuité dans le temps de la pratique versus ceux qui
n’ont fait que la rééducation qui eux ne continuerons pas la pratique des exercices vus en
rééducation à la fin de cette dernière.
Conclusion
La méthode Pilates montrerait plusieurs intérêts et bénéfices dans la reprise précoce des activités
physiques après arthroplastie de hanche :
Le travail du centre permettant une meilleure stabilité du bassin nécessaire à une bonne mobilité et
puissance des membres inférieurs,
Une nette facilité d’adaptation pour chaque exercice aux différents besoins de la personne.
Nous devons quand même rester sur la réserve pour cette étude, la méthode Pilates a été proposée
aux patients volontaires et sur une durée de 1 an, ce qui n’est pas le cas pour la rééducation.
D’autres études seraient nécessaires pour confirmer les conclusions, mais il laisse à penser que la
méthode Pilates grâce à ses différents principes peut être proposée de manière précoce après une
arthroplastie de hanche.